L’origine des contes
Conte d’Afrique
Un jour, l’araignée, tissant sa toile, trouva dans les airs une branche d’un arbre inconnu qui pendait du ciel. Elle allongea le fil, l’étira, tant et si bien qu’elle prit appui sur cette branche et atteignit le ciel.
L’araignée explora les nuées…
Vaste monde !
Une araignée n’est pas une bête courageuse. Elle s’arrêta auprès de la première caverne quelle rencontra. Cette caverne était habitée par un génie, et comme la bête mourait de faim, le génie lui donna une ample provision de manioc que la goulue dévora dans la nuit.
Le lendemain, comme elle se disposait à redescendre sur la terre, l’araignée vit que le vent avait arraché sa toile.
Pleurs et cris ! Le génie entendit ses lamentations, et pitoyable lui dit :
-Nous allons attacher une corde à la branche qui t’a aidée à monter. Tu te laisseras glisser le long de cette corde qui, à longueur de jour, contient un noeud. Tu as à faire un long chemin de descente. Prends ce petit sac…Il contient de la nourriture. A chaque noeud que porte la corde, tu pourras te reposer et te restaurer.
-Merci, dit l’araignée. Et si tu me donnais aussi ce canari .
Elle montrait, dans un coin de la grotte, un petit pot de terre cuite, devant lequel le génie se précipita en criant :
-N’y touche pas !
-Je ne pensais qu’il contenait de l’eau pour ma soif, dit l’araignée.
-Que contient-il…?
-Il est plein de choses qui ont peut-être une certaine valeur, mais qui ne désaltère pas les araignées !
Et le génie s’en fut, après avoir fait à l’araignée ses recommandations :
-Tu prendras aussi avec toi ce tam-tam. Quand tu seras arrivée sur terre, tu frapperas un grand coup, pour faire résonner la peau. Et alors moi, je remonterai la corde.
Intriguée par ce canari bien fermé, l’araignée restée seule préféra l’emporter sur la terre, plutôt que de se charger de nourriture.
Elle commença sa descente. Il lui fallut un jour pour atteindre le premier noeud…deux jours pour arriver au second…trois pour parvenir au troisième.
Une corde longue comme plusieurs jours sans pain !
L’araignée, mourant de soif, avait à peine la force de s’accrocher de toutes ses pattes à la corde.
Souvent, elle pensa tout lâcher. Mais les araignées tiennent à la vie, et celle-ci défendait la sienne en essayant de toucher terre le plus vite possible.
Elle arrivait à moins d’un jour du sol, quand des singes qui jouaient à lancer des pierres heurtèrent le tam-tam qui sonna !
Ce son monta vers le ciel.
« Voilà cette sotte bête arrivée sur terre », pensa le génie.
D’un coup brusque il remonta la corde, et celle-ci se cassa.
L’araignée tomba…et le canari …
L’araignée se brisant… le canari aussi.
Ce canari était rempli jusqu’aux bords des contes qui s’étaient perdus. Ils se répandirent…
En trouve qui sait dans la Grande Brousse. Il y en a un peu partout…
Extrait de René Guillot, Contes de la brousse fauve,
éditions Folio Junior 1979.