Pourquoi la grenouille vit-elle dans l’eau ?
Conte d’Afrique de l’Ouest
-Tortue, fais moi une amulette (un pouvoir magique) qui me permettra de vaincre tous les animaux à la lutte.
-J’accepte, mais à une condition : tu ne lutteras jamais contre moi.
-Entendu. Nous serons toujours des amis et nous ne nous battrons jamais.
La tortue prit son temps pour confectionner l’amulette qui allait transformer la force de la grenouille, lorsqu’il fut prêt, elle le lui donna. Dès l’instant où elle s’en saisi, la grenouille sentit subitement sa force croître considérablement.
Alors, la grenouille invita tous les animaux de la brousse et leur lança un défi :
-Je suis plus fort, et aucun d’entre vous n’est capable de me battre.
Tous les animaux rirent de tant de vanité, pour qui se prenait elle tout à coup la grenouille ?
Le rat fut désigné pour se battre en premier et fut battu en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Puis, à son tour, le lièvre accepta le combat. La grenouille l’attrapa par les oreilles et l’envoya avec force contre le sol. Il ne s’en releva pas.
Après le lièvre, ce fut le tour de l’âne qui faillit se rompre le cou, tant sa chute fut terrible.
Et ainsi de suite, les différents animaux de la brousse vinrent combattre la grenouille qui s’en sortit à chaque fois avec une incroyable facilité.
Le lion fut le dernier à accepter le combat. La petite grenouille terrassa le roi de la brousse, au grand étonnement de tous.
Fière d’elle même, notre grenouille se disait que la victoire serait vraiment complète si la tortue était de la fête.
Remplie d’orgueil, la grenouille oubliant sa promesse s’adressa à dame tortue en ces termes :
-Hé ! Tortue, ne pense pas que j’ai peur de toi, viens ici, nous allons nous battre.
-Grenouille, ne te souviens-tu pas de ta promesse ?
-C’est la peur qui te fait parler chère amie, et nous verrons laquelle de nous deux est la plus forte.
La tortue accepta le combat. Mais avant la lutte, elle enleva à l’amulette de la grenouille son pouvoir magique.
Le combat s’engagea entre les deux amies. Dame tortue prit la grenouille par une patte de derrière, la fit tournoyer puis l’envoya dans les airs.
La grenouille tomba dans une mare pour cacher sa honte. Elle y resta.
Ainsi, la grenouille fut payée de son ingratitude.
Nos ancêtres disent que l’ingratitude est toujours mal payée.
Soyons reconnaissants envers nos bienfaiteurs.
Conte traditionnel adapté par Chiaka Diarassouba
éditions Fayida à Bamako, Mali, 1991.